Taken : une maturité de l'American action heroe par un Frenchi ?

Bonjour à tous,

Les dernières vagues d'adaptation cinématographiques de jeux d'arcade, au scénario en option, semblent avoir canalisé les personnages body buildés dans un style de réalisation à part. Des films de mouvements et de vies brèves, avec des codes à l'emporte pièce, ne cherchant même pas à représenter une portion de vraie vie, Hitman ne fut pas la pire des déceptions.

Le héro hyper-musclé florissant dans les années 80 et 90, mais réussissant malgré tout dans l'intégralité des domaines de sa vie ne fait plus que des apparitions épisodiques bourrées d'humour lucide, voir d'auto dérision stylistique (La préparation du Transporteur 3 passe par notre région auvergnate). Il n'est plus imposé comme un exemple à suivre, un leurre, mais proposé comme une façon de vivre particulière. Un choix induisant souvent des conséquences sur un mode de vie pour soi comme pour ses proches.




Taken aborde plus sérieusement ce qui se passe après que des hommes sincères, idéalistes et entiers aient tenté de suivre ces voies de petits soldats.

On y parle avec infiniment plus de subtilité d'un Père qui aime sa fille au-delà de lui-même. Un amour brulant de l'énergie de la dernière chance après la résolution du dilemme professionnalisme patriotique contre responsabilités familiales et paternelles.

On y parle d'un héro maintenu dans l'hombre et dénié dans le présent d'avoir été trop longtemps absent. Un pion à qui l'on reproche des choix qui n'ont pas toujours été les siens.



Cet homme ne trouve son chemin que dans le désespoir avec
lequel il s'accroche à l'unique promesse qui ait encore de la valeur à ses yeux. La promesse d'être enfin là pour sa fille dans les moments qui comptent, pas seulement ceux du calendrier. Il faut parfois être père pour comprendre la profondeur de ce type de promesse.

Il faut parfois être Mère de cette fille pour ressentir l'incroyable injustice de n'avoir pas bénéficié de cette attention à temps.
Cela explique l'insolence revancharde affichée par l'ex-femme magnifique trop longtemps négligée du héro. Elle ne cherche plus à le comprendre, ni même à l'écouter. Elle en a fait un punching ball contre lequel elle jette la réussitede son couple recomposé. Un reproche continuel de l'époque où elle n'avait d'autre choix que de prendre des décisions seule pendant que les analyses expertes de son mari étaient exclusivement professionnelles.

C'est dans ces confusions que naissent les fils de l'action à proprement parlé. C'est à partir du "placard", qu'il a construit malgré lui, que le héro va devoir appliquer son écoute et son intuition professionnelle à la vie de sa fille, sa seule raison d'exister encore.



Le reste du film montre un professionnel qui n'arbore jamais ses muscles mais dont l'efficacité déterminée le fait sortir de situations inextricables ou renouer des pistes en apparence rompues. Par bien des points l'on retrouve ici un traitement à la "Jason Bourne" mêlé à un esprit "JackRyan". Mais le héro est fort judicieusement campé par Liam Neeson. Ici, pas de Mat Damon ni de Harrison Ford mais un acteur irlandais au vaste registre mainte fois éprouvé oscillant avec finesse entre l'homme d'action patriote "RobRoy" ou de devoir humaniste de la "Liste de Schindler" et le looser manipulant de "faute de preuve". Du savoir faire et du savoir être à tous les étages, y compris au niveau des cascades et des combats, très réalistes.

Certes, l'on retrouve l'archétype du héro increvable qui survit à la fin. Mais que vouliez vous ? Un drame complet n'incitant pas à un nouveau visionnage ? Il ne fallait pas terminer sur le constat d'une impasse du particulier face au crime organisé utilisant un tissu social relâché. Réalisé par Pierre Morel, est-ce un film français qui donne une occasion d'imposer la vision américaine sur l'état du monde et de ses dangers hors la mère patrie ? Ou est-ce un acte de lucidité et d'auto critique sur les évolutions que peuvent cacher notre façade nationale ? Une façon de montrer que la corruption existe également en France. Ce pays donneur de leçons, le nid des mêmes hypocrisies et des mêmes compromissions qu'ailleurs ?

C'est encore un personnage de caractère entier jusque dans ses méthodes et ses sentences qui réussit à dénouer le Karma d'insouciance dans lequel glisse sa fille. Il ne s'agit plus d'un homme de devoir mais bien plus efficacement d'un homme de désespoir. Ne vous interposez pas entre un homme et son enfant sans savoir préalablement à qui vous avez affaire !!!

A bientôt Happy Visionneurs !

Et bien, bravo à toi Step1.. Tu m'as donné envie de voir ce film !
J'étais persuadé que c'était encore un de ces films clichés américains..
Et je crois que tu as démontré que ça n'était pas le cas lol.

C'est peut-être du au fait qu'il soit réalisé par un français ? Qui sait.. ?!
Si tu devais noté ce film, tu lui mettrais combien ?

En tout cas cher rédacteur, super post et n'hésites pas à nous donner régulièrement ton avis sur les films que tu apprécies.

Merciii

De nada,

Ce sera avec plaisir que je m'acquiterai de cette tâche.
Bien que de façon un brin espacée (questions de finances et de temps libre, trop short ces temps-ci).

Le prochain film devrait être "Il y a longtemps que je t'aime !", de Philippe Claudel. Sujet, Actrices......

A bientôt !